La légende des enfants de la berge

La râclée



Jôzéé allait à la pêche. Bien qu'il n'aimait pas pêcher, il allait, comme il le disait, crever un peu plus par là.

Il craignait d'apercevoir son reflet dans l'eau, alors il péchait loin de la berge, loin de lui-même. C'était son père qui l'avait initié à la patience, son père ou toute autre personne désirant transvaser un peu de son jus de cogitation, le problème étant dans la composition du cocktail.

Son père disait : « Sois digne Jôzéé, personne ne naît sous la mauvaise étoile. Sache que ta chance est de vivre sur la bonne planète puisque tu peux les voir chaque soir, ces étoiles. »

Jôzéé effilochait son pull et ne semblait pas entendre. Alors son père ajoutait d'autres ingrédients : « Tu es stupide et c'est bien normal. Tout ici est fait de grandeur, même ce que tu ne pourras jamais voir. Tu auras beau tout imaginer de toutes tes forces, tu laisseras les mêmes traces que ces vaches qui nous regardent passer. Tu es bête parce que toi aussi tu es une bête. »

Le petit Jôzéé, tout boursouflé d'inconscience, s'amusait avec son reflet dans l'eau. Son père, ou toute autre personne, le savata grièvement en jetant ses dents dans le verre qu'il était en train de servir : « Ne gâche jamais rien Jôzéé !!! Tu dois comprendre, il est déjà humiliant pour un monde et pour un père qu'un être si repoussant que toi puisse ramper. Les miroirs de bleu immense sont faits des tristesses des ciels de honte, et toi tu ricanes dans les larmes de cette divine tragédie ?! Si pour te consoler je te pissais dans les yeux, que ferais-tu ? La grandeur de cette nature est égale à la bassesse de ta peau alors n'essaie rien, ne pense même pas, tu es laid ! »

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